Cette année (2020) j’ai demandé aux étudiants de présenter le travail d’un·e artiste qui emploie la sérigraphie. Voici la présentation de Ugo Gattoni par Thiébaut Grivel.


Un travail minutieux et connu pour son détail et sa manière de procéder. Ugo Gattoni travaille d’une manière qui m’influence énormément, souvent sur des grands formats comme j’ai pu en débuter. La suite de mon travail en sérigraphie, je l’espère, se rapprochera de sa manière de procéder un jour. L’application de grands formats qui ne sont pas imprimables d’une autre manière que par le billet de l’intervention d’une technique comme la sérigraphie ou la gravure sur métal, ce qui lui permet d’obtenir le rendu qu’il souhaite.

Né en 1988 à Vitry-sur-Seine il a obtenu son diplôme de concepteur graphique en 2010. C’est alors qu’il demande à ses parents de lui laisser 6 mois pour se lancer dans un projet personnel de très grande ampleurs (une fresque de 10 mettre de long par 1 mètre 20 de hauteur entièrement faite au rotring).

Ce défi qu’il s’est lancé va aboutir à une exposition intitulée « Ultra copains » dans une galerie qui se nomme Surprise, c’est notamment grâce à ce travail gigantesque qu’il se fait remarquer ainsi que par son édition de 2012 par Nobrow « Bicycle ».
Il va alors travailler avec de grandes marques comme Rolex, Hermes, ou encore le New York Times.
Pour la plupart de ses productions, il part souvent d’une anecdote qu’il intègre à son travail puis qu’il fait évoluer.


Pour pratiquement tous ses projets il veut avoir un aspect artisanal présent, et toujours dans la manière de faire les choses au millimètre, il ne compte pas les heures de travail pour effectuer le transfert de ses dessins à la technique voulue. Les choses prennent le temps qu’elles doivent pour pouvoir être parfaitement exécutées, même si bien souvent il est accompagné d’artisans excellent dans leurs domaines (gravure sur métal, sérigraphie, menuiserie etc …)
Pour la réalisation de sérigraphie il a été accompagnée par Hermès lors de sa conception des carrés, il a dû porter une attention nouvelle à la couleur et au format. Leurs chaines constituées de machine lui ont permis d’obtenir un rendu inégalable sur une production de si grande ampleur et sur ce type de support.

Petites indications
le carré Hermes se vend 365euro il y en a eu plus de 2000 différent produit depuis sa création et il s’en vend 1 toute les 30 minutes dans le monde en moyen.
Ils sont tous produit dans la région du Rhône Alpes.

Une soie spéciale et exceptionnelle.
Tout d’abord le twill de soie est une technique de tissage qui met en valeur les couleurs lors de l’impression, un tissage oblique dans la matière (technique de tissage que l’on retrouve pour d’autre matières comme le polyester et coton)
le prix varie aussi en fonction du MM qui est alors l’unité de mesure qui fait foi sur sa valeur intraseque, une vraie différence de qualité qui permet à Hermès d’avoir des carrés si précieux.
Hermes utilise alors du twill de soie 14 MM, une unité de poids, ce qui démontre qu’il y a plusieurs densités de matière possible, le poids reflète ainsi la densité, le tomber, le toucher, mais aussi il fera varier le prix du tissu.

L’impression et la traversée de l’encre est parfaitement réussite, nécessite un poids spécial tel que le 14 MM pour des produits luxueux comme le carré hermès d’une grande précision.

Coté Infographie
Dans un premier temps pour pouvoir numériser le dessin de l’artiste, le dessin est repris couleur par couleur, nuance par nuance à la main afin de les séparer et d’obtenir les différents cadres qui permettront d’imprimer. Il faut être très précis et technique, le dessin est donc adapté (numérisation du dessin qui prend environ 800 heures de travail de sorte à ne voir aucun défaut dans le dessin, environs 6 mois) Ensuite chaque cadre va alors correspondre à une couleur.

Les couleurs
Sur chaque carré on peut trouver jusqu’à 47 couleurs plus ou moins, ce qui est énorme. Le travail le plus compliqué reste de d’anticiper les rematages (couleurs superposées) et qu’ils soient conformes à ce qui est commandé. Les couleurs sont aussi adaptées à la technique d’impression par une équipe pour réussir à tenir l’ambiance voulue.

Une réflexion toute au long du processus qui a alors impliqué U.Gattoni davantage dans le moindre détail.

La recette des couleurs
Les couleurs mère sont mélangées à la main et dosés très précisément pour obtenir les nuances commandées, elles sont par la suite vérifiées à l’aide d’un nuancier.
Loin de l’impression traditionnelle en sérigraphie, la chaine de production contient 150 m d’impression robotisés, la machine travaille et les hommes vérifient chaque détail tout au long de l’impression.

Carré après carré c’est un robot qui applique les teintes toujours dans le même souci de précision, de la couleur la plus claire à la couleur la plus foncée tandis que la soie est collée pour qu’elle reste bien à plat lors de l’impression.

La peinture est ensuite fixée à la vapeur, puis la soie est lavée.
le carré est donc ensuite prêt pour la dernière étape qui est le rouleautage, cousu main pendant 45 minutes par carré, les contours sont donc roulés sur le rebord, encore une étape qui nécessite énormément de savoir faire pour ne pas abimer la soie et rendre le rouleau solide et beau.
Chaque pièce après une dernière vérification complète aura nécessité 2 ans de travail, la production reste tout de même faite à grande échelle ce qui permet de sortir un grand nombre de carrés.